Réchauffement climatique: vers un nouveau rapport alarmiste du GIEC
(Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)
WASHINGTON (AP) - D'ici deux décennies, des centaines de millions d'êtres humains n'auront plus d'eau, tandis que des dizaines de millions d'autres seront chassés de chez eux chaque année par des inondations meurtrières... Ce sont là quelques-unes des sombres projections qui devraient être contenues dans un nouveau rapport sur les conséquences du réchauffement climatique, que les specialistes du GIEC doivent présenter le mois prochain en Belgique.
Selon le projet dont l'Associated Press a obtenu des extraits, les maladies tropicales comme le paludisme se répandront. D'ici 2050, on ne trouvera plus d'ours polaires que dans les zoos, leur habitat naturel ayant totalement disparu. Et si dans un premier temps il y aura abondance de vivres en raison de saisons de cultures à rallonge dans les régions du nord, d'ici 2080, des centaines de millions de personnes seront en revanche menacées par la famine.
Ce nouveau rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui doit être rendu public à Bruxelles le mois prochain, est le deuxième d'une série de quatre qui doivent être publiés cette année.
Selon certains chercheurs, ce nouveau rapport est le "coeur émotionnel" de la recherche en matière de changement climatique, le plus évocateur, qui décrit "l'histoire, la manière dont ça va affecter les gens, vous, moi, le voisin", explique Andrew Weaver, climatologue de l'Université de Victoria.
S'il offre une lueur d'espoir, dans le cas où les pays prendraient des mesures radicales pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, le rapport note que ce qui se passe aujourd'hui n'est pas encourageant: "les changements climatiques affectent aujourd'hui les systèmes physiques et biologiques sur tous les continents": modification des habitats naturels, mort des récifs coralliens, acidification des océans, augmentation des pollens à allergies...
Mais le présent n'est rien comparé à l'avenir. Bientôt, le réchauffement climatique "affectera la vie de chacun (...) et ce sont les plus pauvres qui seront le plus touchés", note Patricia Romero Lankao, du Centre national de recherches atmosphériques aux Etats-Unis.
"Nous sommes véritablement à la limite de l'extinction de masse" de nombre d'espèces, renchérit son collègue Terry Root de Stanford University.
Des centaines de millions d'Africains, des dizaines de millions d'habitants d'Amérique latine connaîtront des pénuries d'eau dans moins de 20 ans. D'ici 2050, plus d'un milliard de personnes en Asie pourraient se trouver dans la même situation. Et d'ici 2080, ces pénuries risquent de menacer entre 1,1 milliard et 3,2 milliards de gens, en fonction des niveaux de gaz à effet de serre.
La mortalité liée au réchauffement, entre diarrhées et malnutrition, devrait grimper d'ici 2030, avec l'augmentation des cas de paludisme ou de dengue.
En Europe, les petits glaciers disparaîtront, les grands auront considérablement réduit d'ici 2050. Et la moitié des espèces végétales d'Europe pourraient être vulnérables, en danger, ou tout bonnement disparues d'ici 2100.
D'ici à 2080, entre 200 et 600 millions de personnes pourraient souffrir de la faim, et 100 millions d'autres pourraient être victimes d'inondations chaque année en raison de la montée du niveau des océans.
Les continents frappés le plus durement seraient sans doute l'Afrique et l'Asie, ainsi que les îles et les pôles. L'Amérique du Nord, l'Europe et l'Australie seraient les plus épargnés.
Mais partout, "les styles de vie seront susceptibles de changer à cause du changement climatique", prédit le projet. Nombre de ces effets pourront être évités si le monde ralentit ses émissions de CO2: "la plupart des impacts majeurs sur le bien-être humain pourraient être évités, mais certaines conséquences majeures sur les écosystèmes sont susceptibles d'avoir lieu".