Tristana Administrateur(trice)
Nombre de messages : 188 Date d'inscription : 15/10/2006
| Sujet: Bali, c'est fini Mar 25 Déc - 2:32 | |
| Voici le lien de l'article : http://quotidiensanspapiers.free.fr/w/spip.php?article472Et l'article en question, qui nous parle d'écologie et qui tourne autour de toutes les mesures prises, bien sur, pas objectivement, c'est un journal BALI, C’EST FINI Le génocide des pauvres E finita la comedia, dit-on. | Pendant quelques jours, des délégués du monde entier se sont réunis dans cette jolie île indonésienne, où l’on aime à faire du tourisme quand elle n’est pas submergée par un tsunami. C’était pour une importante conférence, la conférence dite de Bali, qui mériterait de rester dans l’histoire comme la date la plus honteuse de la conscience humaine...
| Parlant d’îles submergées, justement, on apprenait récemment que deux douzaines parmi les milliers d’îles qui composent l’Indonésie devraient bientôt disparaître. On parle alors de « réfugiés climatiques » : les quelques milliers d’habitants de ces îles « trop basses » n’auraient qu’à déménager.
Ce qu’on oublie de recenser alors, ce sont les très nombreux autres endroits sur terre « trop bas » – et leurs plus nombreux habitants. À moins que la mer ne monte qu’en Indonésie… Sont en fait menacées, pour commencer, dix grandes villes, au premier rang desquelles Calcutta. En neuvième place vient Miami, la seule de ces villes classées à risques qui soit du “premier monde”.
Si la mer monte, c’est parce que 40% de la banquise aura fondu depuis un quart de siècle. Et cela fait 40 ans que l’on vit sous le régime de la catastrophe annoncée.
C’était en 1967 que des scientifiques inspirés annonçaient que si les choses suivaient ainsi leur cours, le fameux “effet de serre” – identifié depuis le XIXème siècle –, ne pouvait que produire quelques degrés d’augmentation de la température planétaire. Depuis, d’année en année, de rapport en rapport, la prévision ne fait que se confirmer. Et l’on ne fait que vérifier l’étendue des dégâts.
Depuis une vingtaine d’années maintenant les organismes internationaux auront pris la chose au sérieux, et l’on a institué le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, le désormais fameux GIEC, prix Nobel cette année.
Une construction unique ce GIEC. Des savants du monde entier travaillent ensemble, croisent leurs observations, discutent, réfléchissent, pour faire le point – pour savoir ce qu’il en est vraiment de ce problème collectif de l’humanité, le réchauffement climatique.
Ainsi, il y a dix ans, ils pouvaient apporter des conclusions. C’était pour la fameuse conférence de Kyoto qui donnera naissance au protocole dit de Kyoto, actuelle loi suprême de l’humanité. Comme on sait, aussi fondamentale que soit la loi supposée garantir la préservation de l’espèce, elle n’aura pas été adoptée par tous. Les États-Unis, en particulier, s’y seront opposés. Mais de quoi s’agissait-il ?
Les experts du GIEC étaient arrivés avec un message simple : il fallait réduire aussitôt de 50 à 80% les émissions des pays industrialisés – et freiner la croissance de celles des pays en voie de développement.
Le protocole de Kyoto décidait alors solennellement de tenter de réduire les émissions des pays industrialisés de… 5,2%, en une quinzaine d’années.
Ainsi était décidé le suicide de l’humanité. C’était il y a dix ans. On fera beaucoup de fumée ensuite autour du différent avec les américains, ces méchants qui refusaient de signer l’accord irresponsablement minimaliste de Kyoto. Ainsi un faux problème permettait d’éviter de voir le vrai.
Dix ans plus tard, qu’on se rassure : rien n’a été fait, ni par les uns, ni par les autres.
L’Europe, soit disant « vertueuse », aura, par exemple, développé les compagnies d’avions « low-cost ».
Pourtant les experts avaient bien prévenu : le problème principal, ce sont les avions, avant même les voitures.
Qu’à cela ne tienne : désormais ça coûte dix fois moins cher de voyager en avion qu’en train, de Madrid à Paris. Il fallait voir la une de Libé du jeudi 13 décembre, en pleine conférence de Bali, pour mesurer l’étendue de la moquerie.
« Low-cost à tout prix », titrait le journal qui explique doctement que « le gouvernement y voit un soutien au pouvoir d’achat ». Avec trois pages ensuite pour expliquer ça – et comment la France serait « à la traîne » en la matière, et manquerait d’aéroports.
Le sujet était-il à ce point d’actualité ? Il fallait aller page 17 pour découvrir qu’à Bali le même jour, le représentant du même gouvernement français, se faisant mine de se préoccuper plus que quiconque du dit réchauffement climatique, proposait un impôt mondial, récupérant le principe de la taxe Tobin sur les flux financiers, pour réparer les dégâts de la grande catastrophe annoncée.
Justement, un autre rapport de l’ONU, publié à la veille de l’ouverture de la conférence de Bali, chiffrait un peu plus précisément l’addition, réclamant aussitôt 86 milliards de dollars d’aide aux pays pauvres, principales victimes d’une catastrophe directement imputables aux pays riches [voir QSP n°16].
De ceci il n’aura simplement pas été tenu compte à Bali.
Mais, surtout, ce qu’on oublie de dire, c’est que le premier effet annoncé par les experts dès avant Kyoto, ce doit être une catastrophe agricole – soit une catastrophe alimentaire. Les experts ont évalué à un milliard le nombre de personnes destinées à mourir de faim. Deux milliards manqueront d’eau.
Et depuis cette été, les effets à grande échelle de la catastrophe annoncée ont déjà été d’une envergure suffisante pour que l’humanité ne couvre pas ses besoins alimentaires en 2007.
À Bali, après quelques jours de cirque où les premiers rôles étaient tenus par Jean-Louis Borloo et par la section française de Greenpeace, les conférenciers se seront séparés « déçus » : ils renoncent cette fois à tout objectif « chiffré ». Y compris les « mesures d’atténuation » suggérées par le GIEC ne seront pas prises en compte. L’humanité confirmait ainsi son suicide.
Curieuse politique. Malheureusement, comme on l’aura compris, il s’agit là de bien pire que d’un acte inconscient ou bêtement dépressif. Cet été, à l’occasion des innondations exceptionnelles provoquées en Inde par une mousson record – jamais vue de mémoire humaine –, les observateurs pouvaient enregistrer un phénomène qui n’étonna personne : seules les basses castes souffraient.
Le rapport de l’Onu le confirme : ce sont les pays du sud principalement qui sont destinés à subir la catastrophe climatique. Les premiers touchés seront bien les deux millards et demi d’humains qui vivent avec moins de deux dollars par jour. En un mot, ce qui a été décidé à Kyoto et confirmé à Bali, c’est bien l’extermination du plus grand nombre possible de pauvres.
Fin 1941, il y a 66 ans, à la conférence de Wansee, les nazis décidaient secrètement de l’extermination du plus grand nombre possible de juifs. Cette fois, c’est en pleine lumière, sous les micros et les caméras de la presse mondiale, que les exterminateurs de notre temps se seront réunis. Pour décider du plus grand génocide jamais envisagé : le génocide des pauvres.
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